05 décembre 2013

DANS UN CIEL SEREIN


 Voici les liens à partir desquels il est possible de voir ce film de 42 minutes.


29 novembre 2013

DANS UN CIEL SEREIN

Ça y est. 
Dans une semaine, Dans un ciel serein sera projeté pour la première fois, à la Casa obscura de Montréal. J'aurai mis sept ans à terminer ce film; il sera mis en ligne le 5 décembre 2013.
 Laurent aurait eu trente ans ce jour-là.
« Cette mort m’aura cassé les reins.
Lourd sur les épaules d’un père, la perte d’un enfant.
Sept ans plus tard, finir ce film est une libération.
Mais, ce sera rompre mon lien le plus intime avec Laurent.
J’hésite encore à lâcher prise...»


06 mai 2012

MONTAGE 32

La crise sociale dure depuis février.
Déclenchée par les étudiants contre la hausse des frais de scolarité.
Nous sommes le dimanche 6 mai 2012.
La semaine qui se termine a été ponctuée de rebondissements.
Les manifestations étudiantes se sont poursuivies sans relâche.
La plupart pacifique, festive même.
Certaines violentes.
Évidemment ce sont les gaz, les matraques, les balles de caoutchouc,
les pierres, les arrestations, les blessés qui font la manchette;
Les Black Blocs jouent avec le feu
et font le jeu du gouvernement.
Le 1er mai, un ami, poète et étudiant, Gabriel Duchesneau, a subi une fracture du crâne;
il va s'en sortir.
Émeute à Victoriaville, le vendredi 4;
le parti Libéral y tient son Conseil général.
Le gouvernement ouvre des négociations.
Deux étudiants sont dans un état grave; l'un deux a perdu un oeil.

Samedi, une entente.  Sortie de crise en vue pour les étudiants.
Mais, çà ne s'arrêtera pas là.

C'est la première fois de mes 65 ans,
que la désobéissance civile s'exerce
avec autant d'intensité et sur une si longue période
au Québec.
Le temps d'un changement est venu;
les étudiants jettent les fondations
d'un nouveau projet de société.
Plus démocratique et ouvert sur le monde.
Tôt ou tard, un tel combat laisse des traces.

***
Pour marquer ce temps historique, 
le tournage, effectué généreusement par des amis
aux funérailles de Laurent, me donne, une fois de plus,
le loisir d'extraire quelques extraits et de les assembler.
C'est un acte libérateur.
Il témoigne de valeurs qui n'ont rien à voir 
avec la nostalgie ou le romantisme révolutionnaire.







22 avril 2012

MONTAGE 31



À l'âge de 22 ans, Laurent est porté en terre, un 22 avril, celui de 2006.
 À ses funérailles, Kate Harris, étudiante à l'université McGill,
interprète
Méditation de Massenet.
Ce printemps 2012, au Québec, 
confirme le rôle historique
que jouent les étudiants du monde entier
quand une société est bloquée.
J'en fais mention dans un extrait de l'hommage que je lui ai rendu
pour ce Jour de la Terre.


03 avril 2012

MONTAGE 30

Un élément s'ajoute.
À défaut de ne pouvoir serrer Laurent dans mes bras, depuis le jour où il a pris l'avion pour Paris,
en octobre 2005, 
j'ai fabriqué ce montage.
Les prises de vue proviennent de l'hommage rendu à ces funérailles,
auxquelles j'ai juxtaposé des photos qu'il a prises en Chine avant d'y laisser sa vie.

25 mars 2012

L'HISTOIRE EN MARCHE

Toutes les raisons sont bonnes.
Pour un pouvoir qui dévoile effrontément sa soumission à l'ordre établi
d'un establishment financier anglophone.
  On se souvient de ces actes fondateurs de résistance. 
Simplement inoubliable d'avoir été là, à 22 ans.
Une époque où, j'essayais de me maintenir à flot,
à l'Université de Montréal.

http://grandquebec.com

23 octobre 1969 : Dépôt d’un projet de loi 63, mieux connu sous son appellation anglaise « bill 63 ». Cette loi devait s’appeler Loi pour promouvoir l’enseignement de la langue française au Québec. Tel que libellé lors de son dépôt, le projet de loi visait à confirmer pour les parents la possibilité de choisir, entre le français et l’anglais, la langue dans laquelle l’enseignement sera donné à leurs enfants; assurer que les enfants de langue anglaise du Québec acquièrent une connaissance d’usage de la langue française; assurer que les personnes qui s’établissent au Québec acquièrent, dès leur arrivée, la connaissance de la langue française. Dès son dépôt, un regroupement contre la loi 63 voit le jour: Le Front commun du Québec français. Selon le FCQF, «donner le choix aux parents équivaut à donner à la langue anglaise un statut juridique égal à celui de la langue française». Le FCQF exige que l’Assemblée nationale proclame l’unilinguisme français à tous les niveaux.

24 octobre 1969 : À Toronto, la University of Toronto Homophile Association (UTHA) constitue le premier regroupement de gais et lesbiennes au Canada.

27 octobre 1969 : Début des manifestations contre le projet de loi 63 sur le principe de la liberté de choix dans le domaine de la langue d’enseignement au Québec, déposé par le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand. La Ligue pour l’intégration scolaire (LIS) et le Front du Québec français manifestent dans les rues de Montréal, devant les Cégeps de différentes villes de la province et devant le Parlement du Québec en faveur de l’unilinguisme français.

28 octobre 1969 : Plus de 20 mille étudiants descendent dans la rue pour protester contre le projet de loi 63.

31 octobre 1969 : Le Front commun du Québec français organise une grande manifestation devant le parlement de Québec. Pour la première fois depuis la fondation du regroupement, la violence éclate et la police intervient.
(Célébrations de la Fête nationale du Québec en 2011, aucune violence ! Photo : © Serge Keln)

7 novembre 1969 : Manifestation du Front de libération populaire (FLP), du Mouvement syndical populaire, de la Ligue socialiste ouvrière, du Conseil central de Montréal, affilié à la Confédération des syndicats nationaux, de la Ligue pour l’intégration scolaire et du Comité d’aide Vallières-Gagnon contre la répression politique au Québec.

11 novembre 1969 : Deux députés libéraux, René Lévesque et Yves Michaud, font de l’obstruction parlementaire comme une nouvelle tactique pour faire échec au projet de loi 63 (bill 63).

12 novembre 1969 : Le maire de Montréal, Jean Drapeau, fait voter l’interdiction pour 30 jours de manifester à Montréal. Cet édicte anti-manifestation est fort contesté par l'opinion publique.

18 novembre 1969 : Une grande manifestation se tient à Montréal contre le règlement municipal du 12 novembre qui a interdit les défilés et les attroupements dans les lieux publics.


Toutes les raisons sont bonnes.
Pour un pouvoir favorable à une nouvelle intervention impérialiste au Moyen-Orient.
  On s'est souvenu de ces actes fondateurs de résistance. 


Le Devoir.com - Libre de penser
La plus grosse manifestation de l'histoire du Québec
150 000 personnes ont marché samedi dans le centre-ville de Montréal pour dire non à la guerre en Irak

Clairandrée Cauchy   17 février 2003  Actualités en société

Au moins 150 000 personnes ont défilé dans les rues de Montréal, samedi, pour protester contre une éventuelle guerre en Irak.
C'était la plus grosse manifestation de l'histoire du Québec. Bien emmitouflés pour affronter la température de -26 °C, quelque 150 000 personnes ont manifesté samedi dans le centre-ville de Montréal pour dire non à la guerre en Irak, soit six fois plus que lors du dernier appel à la mobilisation, le 18 janvier dernier…
 Photo : Agence Reuters
  
Je me souviens de cet acte fondateur de résistance. 
Simplement inoubliable de t'avoir su là, Laurent, mon fils de 20 ans.
 Tu as su le traduire
en tes propres mots, dans un travail de français au Cégep du Vieux-Montréal.

Chroniques de quartier
CŒUR DOUBLE, 
numéro 34, mai 2003

Je suis sur René-Lévesque, entouré de gens aux regards qui parlent d’eux-mêmes. 
Une étincelle luit dans les yeux d’un enfant 
qui me regarde longuement depuis le dos confortable de son père. 
Je lui souris.
Je marche à leur rythme. 
De tout bord tout côté, de toutes les couleurs, de toutes les origines, ils défilent. 
Tous au rendez-vous. 
Leurs yeux me parlent d’innocence, de rage, d’indignation, de mépris.
Certains tiennent des pancartes, d’autres scandent des slogans. 
À travers le ciel gris, quelques rayons de soleil, d’espoir, éclatent 
puis disparaissent aussitôt
pour laisser place aux lourdes gouttes de pluie.
Une colombe plane dans le ciel.
Je vois à quelques pas de là, sur la place de la paix,
la souffrance d’un homme. 
Je m’approche de lui.
Dans le reflet vide de son regard, un couple marche, indifférent.
Des manifestants contre la souffrance et une souffrance ignorée. 
Comprendre!

Toutes les raisons sont bonnes.
Pour ces gouvernements arrogants et provocateurs.
Des conservateurs et des libéraux de privilèges
pour leurs amis armés d'enveloppes brunes, de plan nord, de gaz de schiste,
de taxes régressives, de compressions, de privatisations et de systèmes à deux vitesses.
Celles et ceux du 22 mars 2012
se souviendront de cet acte fondateur de résistance.
Simplement inoubliable d'avoir été là, 
à plus de 200 000,
comme à travers le monde,
tous ces jeunes entre les mains desquels reposent notre avenir.
C'est ça la solidarité, de l'apprentissage
à l'âge de raison.

Il me faut donc aujourd'hui corriger
l'inscription datant de 2006, sur mon profil Facebook,
À propos de moi
 Elle avait été faite en anglais pour amorcer
un lien avec nombre de ses amiEs unilingues.

Since 2006, I wouldn't be here, if one day, my son, 
Laurent Pauzé-Dupuis, hasn't decided to be part of Facebook.
He died in Beijing, few days after Harvard World MUN 2006. Now, I follow his friends around the world; they continue to grow and so I can be proud of them and what they do. It comforts me. In this way, I feel getting grounded with that new generation who is trying to build a better world.


Since 2006, I wouldn't be here, if one day, my son, 
Laurent Pauzé-Dupuis, hasn't decided to be part of Facebook.
He died in Beijing, few days after Harvard World MUN 2006. 

Now, I follow his friends around the world; 
they are continuing to grow and so I can be proud of them and of what they are doing
 It comforts me. 
In this way, I feel getting grounded with that new generation who is building a better world. 

J'EN SUIS FIER AUJOURD'HUI

Des ponts ont été bloqués.
De nouveaux ponts ont été jetés

sur les rives de la différence.

15 septembre 2011

MONTAGE 29


Accepte, s’il-vous-plaît, ami ou amie, que je jette ici quelques bribes d’événements et de réflexions, depuis un silence volontaire.
Ils sont dans l’ordre où j’ai eu l’énergie de les inscrire.
***
Je le fais ou je ne le fais pas, ce film.
Quand sera finie cette aventure, je m’inquiète déjà du néant, du vacuum, que cet aboutissement provoquera. Quand sera disparu ce lien qui m’unit à mon fils par cette façon de régler mes comptes avec le destin. Terreur du vide.
***
La colère habite bien des parents. Par rapport à leurs enfants. 
Elle m'habite encore. Même s'il n'est plus là, dans ce qui m'échappe d'incompréhensible.
Chercher l’équilibre. Les enfants grandissent et cherchent à grandir avec les moyens à leur disposition. Ils ont besoin de sécurité, d’affection, d’encouragement.
Parfois ils vont trop vite aussi. Pour nous faire plaisir. Par mimétisme.
Quand c’est par rapport à nos travers, ça peut même aller.
Mais quand ça vient d’ailleurs; d’une autre planète; de la télévision; de la mode; en singerie; c’est toute une autre histoire. On ne les reconnaît plus. Ils s'imprègnent d'un environnement social qui dépasse nos références familiales.
Comment respecter leur caractère unique perceptible dès leur naissance, ne pas perdre de vue l'impact de leur point de départ?
Il a tellement été ce qu’il fut à sa naissance. J'ai essayé d'éviter de le modeler. Tellement ce n’était pas nécessaire. Il a fini par me ressembler.
***

J'attends le retour de Cannes d'un vieil ami...
Il est prêt à m'aider.

***
U2 est à Montréal, ce soir. On parle du spectacle de l’année à Montréal. Je ne suis pas un fan. Je les connais de nom. Mais October était dans sa discothèque. Je fais connaissance avec cet album. Je ne saurai jamais quelle place cette musique a pu avoir dans sa vie. J’étais trop occupé alors.
Je suis troublé de ne pouvoir être au spectacle ce soir, car il n’est plus là. Je l’aurais peut-être accompagné; je me serais invité. À la limite, j’y serais allé seul , en me disant que le hasard le placerait sur mon chemin. Ou, avec nos cellulaires, on aurait pu se repérer, s’orienter, se croiser; j’aurais eu le courage d’affronter cette foule d’une autre de génération. Respirer leur époque. Ça donnerait des ailes, me semble.
Seul, sans lui, jamais. Mon esprit d’aventure se réduit petit à petit.
Demain, on célèbre les 70 ans de D., sa marraine, à  Saint-Bernard.
Je suis troublé un peu d’être là, car Lo ne sera pas là, plus là. Lui qui s'y rendait, à l’improviste, pour simplement leur dire bonjour...
***
***
Me reviennent les pourquoi de certains tournages à Paris.
Au père Lachaise. Pourquoi pas?
Écrire. Je suis las. Fatigué. Miné.
***
Encourageant et positif. Un producteur évalue à nouveau le projet suite au providentiel appui de mon ami touché, distributeur intéressé.
Calcul : retracer et comptabiliser les factures des frais personnels, déboursés à ce jour (tournage à Paris, en Chine, montage). Pas le temps personnel consacré, seulement le « cash ».
Ils en ont besoin pour évaluer mon investissement jusqu’à maintenant. Je réalise à quel point les chiffres me font chier. Enfer. Vous imaginez ce que peut être le décodage des factures rédigées en chinois, il y a déjà 4 ans. Quand je pense que j’ai consacré 10 ans de ma vie à faire de la production.
Mise en veilleuse du montage. Pause. Il faut attendre ces échanges de point de vue à se donner une perspective commune. Un art d'équipe. Une buziness de loaner. Regarder dans la même direction pour aboutir sur un écran public.
***
À la lecture du roman L’Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon, je comprends mieux qu’il reste de moins en moins de part de jeunesse en moi. L’âge l’a faite décliner subrepticement et toute sorte d’expédients sont nécessaires pour la restituer. Bander finit par être une corvée; la volonté n’a rien à voir avec la faculté d’érection. Désir essentiel. Je meurs à petit feu. Laurent n’est pas là pour refléter son image en moi. Une partie de ce que je suis est morte avec lui. Projection interdite.
Ses amis, recrutés à travers le réseau social FB sont un faible reflet de ce qu’il a été, de ce qu’il aurait pu être. « Nous restons vivants tant que quelqu’un se souvient de nous. »
***
Je me réveille la nuit en essayant encore de remettre les morceaux du casse-tête ensemble. Il me manque encore des pièces. Peu. Mais rien de pénible comme la pièce manquante perdue à la terminaison d’un puzzle. Il m’en manquera toujours plus d’une. La vue d’ensemble est là. Une image se dégage. Je me fous du pourquoi c’est arrivé. Le comment m’obsède encore. Et c’est peut-être de ça dont il me faut faire le deuil. Merci BAB.
***
D’autres échos me viennent de camarades de travail ou d’ami qui ont pu regarder la 1ère version. Chacun est bouleversé. Ce que je fais a un sens. Caractère utilitaire indéniable.
***
Ils tergiversent. On devait s’entendre pour le 15 septembre pour un dépôt à la SODEQ. Nous ne sommes pas prêts. Des agendas d’entreprise à concilier.
«Dans un ciel serein » reste dans la marge. Pourtant : « La marge, c’est ce qui tient le livre ensemble. » (Jean-Luc Godard).
En attente d’une implication ou non de leur part dans la 1ère semaine d’octobre. Au bord du raz-le-bol.

À suivre.

03 avril 2011

MONTAGE 28

Le dimanche 3 avril 2011.
5 ans déjà...
Le trois fait le mois. Celui d'avril 2005 teintera le reste de ma vie.
Décoloration du temps s'affadissant en long fondu au blanc.

Se termine aujourd'hui ma conventionnelle semaine de vacances de cette date sacrée,
de cette sacrée date.
Le voyage, cette année, était intérieur.
Impossible cette fois de masquer par la mer et des cocotiers
la déprime d'anticipation.

Il m'a fallu confronter mes propres démons intérieurs
à ceux de Laurent. Avec une désynchronisation de cinq années.

Un film est là.
Mes images et les siennes ont pris leurs sens
grâce à des mains expertes; à une âme sensible; à une tête de pioche.
21 jours de labeur
à extirper de ces propres tripes de monteuse
des intentions minées
par mon entêtement à m'en sortir tout seul.

B. nous a fait voir ce déblocage.
Elle avait insisté pour que Michèle soit là.
J'étais bouleversé, à vif.
Satisfait que cette étape soit franchie;
il me semblait qu'un pas de géant venait d'être franchi,
mais qu'il restait encore quelques pages à tourner.

Elles se sont mises à deux pour me convaincre
qu'il n'y avait rien à faire de plus avec le matériel
des funérailles; je maintiens ma position.
Frustration malgré ma satisfaction. Éternel insatisfait.
Ça me ressemblait.

Un peu de distance. Commentaires de René et Dagmar.
Relecture de mes fiches. Visionnements à la maison.
Session de travail mardi. Commentaires. Discussions. Quelques essais.
Des fois, ça fonctionne; d'autres pas.
Longue marche pour manger des frites et un sandwich à la viande fumée.
Bavardage. Tout nous relie au cinéma.
Enregistrement précipité pour remplacer
sa voix off par la mienne. J'aime mieux la sienne.
On vient de perdre quelque chose.
Ce n'est pas fini. Deux jours de correction.
Ce n'est pas fini. Du meilleur et du pire.
Autres petites corrections. De nouvelles idées.
La cérémonie des funérailles a gagné un plan.
Un deuxième DVD à graver. Dernier montage.
Besoin de prendre de la distance.
Consultations à venir. On se revoit pour le montage final dans...

Vendredi. Je rencontre S., croise N., dans une maison de production.
Un enfer dans le traffic pour amener Michèle et Javier à l'aéroport, en route pour Vancouver.
Visite à la Casa. Belle soirée: Richard Brouillette, Paul Dinel, Pierre Goupil, Jacques Leduc et Martin Gardner. Ça faisait longtemps.
Samedi. Je regarde une version plus longue de 7 minutes.
***
Je pars dans quelques instants
entendre le Requiem de Mozart à l'église Saint-Joachim
de Chateauguay.
***
 Ça s'appelle des vacances. Demain, reprise du collier.

06 février 2011

MONTAGE 27

C'est stimulant. Quelqu'un commence à m'accompagner.
Avec prudence et sans engagement définitif.
D'abord voir le matériel.
Je comprends. Ce risque est justifié.
Cette personne connaît ses limites. 
Elle n'est pas là pour faire un miracle.
Dieu merci. 
Ce n'est pas de lui dont j'ai besoin.
Elle travaille déjà. À partir de ce qu'elle découvre sur ce blogue.
Les textes de Laurent. 
Le labyrinthe.
Suggère que Michèle pourrait peut-être dessiner à partir de ce motif.

Aquarelle, Michèle Pauzé, 2006

Si c'est possible, laisser un élément de mon film tourné en mer dans le matériel.

Des petite roues se sont remises à tourner et des engrenages s'emboitent.
Quand je regarde l'heure, le temps ne s'écoule plus de la même manière. 
Une nouvelle énergie m'habite.
777
(Suite du carnet de notes)
27 novembre 2009. 
Il y a plus d'un mois que je n'ai écrit. 
Marianne Van de Wald est morte. Une amie de Jean Saulnier et de Serge Lemoyne.  
Être le dernier à l'avoir vue consciente. Elle m'a parlé des poissons tropicaux qui l'entouraient dans sa mer de rêves inachevées. Un mois auparavant, elle m'avait confié, que c'est ce à quoi elle songerait quand elle se sentirait partir. 
Son oriflamme de voiliers sert dorénavant de rideau dans ma pièce de travail.

***
2010

Mars 2010. Ménage. Aller porter des documents à la cinémathèque. Chercher nouvelle bibliothèque chez Suzanne.

5 avril. Répondre aux courriels reçus de Yumiko, Sascha, Jan-Christoph...
Mettre les cassettes en sécurité.

29 mai. Essayer de retracer la docteure qui s'est "occupée" de Lo à la clinique.

17 août. Photos manquantes de Chine IMG 2292. IMG2325-2326.

31 août. Retirer Deep River et l'hommage d'Olivier de l'assemblage des funérailles.

11 octobre 2010. 
BOB 1 Chine.
Grue. L'année suivante, au jour, à l'heure et en face de l'endroit où il s'était frappé...j'étais là.

24 octobre.
Laurent, tu as mis au monde une liaison dangereuse par sa virtualité.
Je ne suis pas allé en Chine; je n'en ai pas rapporté de photos. J'enviais celles que tu avais prises.
C'était ton regard. Celui de quelqu'un qui avait pris du plaisir à découvrir le monde. Il n'y avait aucune raison d'essayer de faire mieux.
Vous, vous connaissez quelqu'un qui aiment regarder les photos de voyage de quelqu'un d'autre.
Vous connaissez quelqu'un qui aiment se faire résumer un film dans les moindres détails.

Revoir la carte pour le parcours.
***
Début novembre. Pour conformer 16:9, utiliser animation. Échelle.

8 novembre. Offre le montage à un jeune réalisateur que j'ai recommandé aux Amis de la Rivière Châteauguay pour un documentaire écolo.  Alter-mondialiste.
Possibilité de jouer dans le registre père-fils.

16 novembre. 
O. manque de temps. Laisser passer une quinzaine de jours. Intéressé à en savoir plus.

5 décembre 2010. 
C'est l'anniversaire de Laurent. 
Je reconnais sur Facebook, une ex-camarade qui fait encore du montage.  Il y a longtemps que je pense à elle. Lui demande de se joindre à mon réseau. 

9 décembre. Un mot d'elle.

15 décembre. Réponse.

Depuis. Téléphones & courriels. Sans précipitation.
Et sans tambour, ni trompette.

***

31 janvier 2011

MONTAGE 26

Serait-ce une lumière au bout du tunnel?
Quelqu'un vient de rappeler pour le montage?
Elle a posé les bonnes questions.
Des aspects techniques à régler.
Financiers.

Les matériaux seraient vus par des yeux neufs.
Je ne serais plus seul à jongler avec tous les possibles.
Une première piste: la parole. 
Appréhensions: le contrôle des émotions et le renoncement.


***
Reprise du cahier de notes.
Il est possible que quelques fidèles visiteurs trouvent que je commence à radoter surtout par rapport à mon bref séjour en Chine.
***
30 mars-31mars 2008
Départ Montréal. Arrivée Beijing via Washington.
Du nouvel aéroport que Laurent n'a pas connu, nous prenons un taxi.  Une connaissance québécoise Josée, m'attend. Le chauffeur  trouve ma valise pesante. L'hôtel où je vais passer la nuit pour satisfaire à l'obtention du visa m'a transmis en chinois l'adresse et le numéro de téléphone. Après avoir roulé une dizaine de minutes sur une autoroute, le conducteur s'arrête sur l'accotement; altercation sur le bon chemin à prendre entre ma compatriote et lui.

 2  avril
Tentative pour joindre le docteur Poitras, un québécois travaillant à SOS International.

Trois témoignages différents du personnel recueilli par Josée et d'autres amis:
-Il est parti  et  ils l'ont perdu de vue dans la cour-arrière (version officielle).
-Il est sauté dans un taxi.
-Il est sauté dans un taxi et a été poursuivi par un autre taxi.
Il me faudrait rencontrer les parents de Rosalie. Sa mère l'avait accompagnée prendre des clips vidéo
à cette clinique médicale.

Je ne vais rester qu'une nuit chez Josée. Elle va me réserver une chambre dans un Home Inn du 2 au 10. Elle va aussi m'organiser une rencontre avec monsieur Bi qui a lu le récit de l'accident sur internet et dans deux journaux locaux différents. Je voudrais rencontrer aussi le conducteur de la Santana sur laquelle Laurent aurait sauté avant de s'engager à traverser l'autoroute.

Que dire de ce deux d'ici.Un parfum bouleverse la journée en la rendant de plus en plus malade; à ce point qu'elle dût chasser le dragon que pourtant elle voulait héberger.  Les ronflements avaient rogné son sommeil déjà éprouvé par................
Je me rends compte que le récit de mon séjour à Beijing a déjà été raconté d'une autre manière, en d'autres mots, sans doute, d'autres vérités. Écrire c'est chercher à traduire sa pensée. 

FINI CE RADOTAGE
Je vais plutôt relever les notes qui pourraient être pertinentes par rapport au montage.
Parfois, je ne souviens même plus de l'intention derrière les mots.

***
27 juillet 2008
Pour Lo: Père Lachaise
Faire le deuil de ce que je ne saurai jamais.
***
2009
18 janvier.
Séquence appartement de Yumiko à Paris.  Devant la tombe d''Auguste Comte, au Père Lachaise: une des premières photos que Laurent nous avait envoyée.
Montage 8 février.
Barbara: les 4 sont partis avec un sac de plastique (Mekki,, Ali, Soushiant, Jan-Christoph...)
Ruben: parti de Beijing, le premier, vol à 8 heur.  Ne l'a appris à Paris par Yumiko. 

13 février 2009
La jeunesse à un moment X de la vie de quelqu'un.
À faire, vérifier cassette de Laurent.
???????
***
Sur Destal, le psychiâtre français: Portrait de Michèle ???????
 ***
Pour la fête de Michèle, Javier va compter jusqu'à 60. Ça ne s'oublie pas. Comme quand on a fini par apprendre, qu'il y a 60 secondes dans une minute, et 60 minutes dans une heure.
***
7 mai
La Globalisation de la Surveillance
Armand Mattelart
Une découverte pour "work on a topic Preventing terrorism not terrorist but subnational groups to acquire nuclear material and to prevent cross-border and transfer of these materials."

17 juin
Images de lieux déserts.
L'Encerclement. Le film de Richard.

Clavardage: Emily et Soushiant.
J'ai rêvé. La caméra fait défaut. Elle est jetée dans une flaque d'eau; je saute dessus à pieds joints; elle s'émiette comme du pain rassis. Autre tournage en cours, sur le trottoir. d'en face. Très professionnel. Grosse équipe, autant devant que derrière; pour faire des entrevues, sur des chaises de tournage. Les interviewés, de dos, à tour de rôle, servent en avant-plan d'amorce. Il a fallu chercher une auto qui se serait faite touer pendant que nous étions chez le barbier. Je suis rentré à pieds, en passant par un parc industriel en développement, à Beauharnois. Quand, ils ont retrouvé l'auto, ils prétendaient que j'avais la clé. C'est vrai, je l'avais conduite. Mais pas le dernier. Mais qui sont-ils? Je ne les ai jamais vus; ils me sont familiers.

Autre rêve: Une femme déposait de l'argent dans un compte de banque de Laurent en Chine.

Bobine 12 A Subway, Mekki et Ali raconte que Laurent sentait qu'on le photographiait.
***
10 juillet
Hasard. Anniversaire de Jan-Christoph et séquence le concernant à sélectionner.
Je n'accepte pas que Laurent soit mort de folie.
C'est possible.
Et si j'avais raison.

Je m'interroge. On vit sur une planète. Ce qui s'y passe me préoccupe: à une distance marchable de chez moi; au travail à 45 minutes de route; au Québec; au Canada; aux USA. Multiplions sa vision de paix.
Il y a eu des étudiants aujourd'hui, à Téhéran, qui ont eu le courage de manifester pour souligner un massacre dans les mêmes rues, il y a 10 ans. Harper, en état de péché mortel, une autre crosse pétrolière pas en état de grâce donc pas capable d'avaler...l'hostie au risque de passer l'éternité dans la géhenne d'un cercueil orthopédique comme Michaël Jackson.

Ornet Coleman. Jean Chabot. La fiction nucléaire. Fonctionner par agrégats. Des éléments vont s'agglutiner graduellement en ne conservant que ce qui fait contrate. Genre Nathalie: Vidéo de naissance, Naissance de Lo. Wind beneath the wind de Bette Midler. Charmer par la surprise comme il était, par l'appréhension et le doute.
Jan-Christoph prend le relai; il reprend son souffle.
 ***
21 juillet
On fait des monuments pour...
Ces images et les miennes permettent-elles un dialogue?

22 juillet
On fait des monuments pour que durent la mémoire des morts
Dans le marbre
Dans la pierre
Dans le bronze
Effort de durer
On y grave des dates, des mots, des signes pour les distinguer...leur attribuer une dernière identité, dans le seul et unique destin égalitaire de cette planète.
Résumé une vie à un trait d'union entre deux chiffres, deux dates.
Les images des photos et des films en comparaison sont éphémères; elles vont durer ce que durent le papier, la pellicule, le support numérique, conservé dans des voutes comme les urnes dans les funérariums.
Qui lui rendra visite?
Quand sa mère, sa soeur, son neveu et moi-même seront là d'où l'on ne revient pas.
 La durée du souvenir est inversement proportionnel à l'augmentation de l'espérance de vie.
Plus on vit longtemps, moins il y a de gens pour se souvenir de nous.
Moins on vit longtemps, plus il devrait y avoir de gens pour se souvenir de lui.

28 août
Parcours. Il y a le dernier trajet des dernières minutes.
Celui de l'escalier.
Du McDo.
De la salle à déjeuner.
De la clinique.
Du père Lachaise.
De Paris.
De Sciences Po

15 septembre
Celui du bord du canal.
De plus en plus évident qu'une seule intervention par jeune pourrait être suffisante.
Ou du moins, les interventions de certains seulement.

24 septembre 2009
Retour à la case départ. Cambriolage.
 Tout a disparu, sauf les originaux, la mémoire d'une démarche enclenchée.
Et ce cahier de notes.
***
Quelque part avant la fin de l'année.
Pour la séquence avec Yumiko: Mister Blue Sky (Musique).
Faire sélection des fiches.
(À SUIVRE)

27 janvier 2011

EN MONTAGE 25

Pas évident de m’acharner, de poursuivre, de continuer.
Laisse aller, diraient certains. Décroche…
Allez vous faire foutre...Je suis face à moi-même. Serein malgré tout.
J’ai simplement un devoir de mémoire.
Et il me faut l’accomplir…

J’ai tenté d’embaucher deux personnes pour effectuer le montage; j’attends avec un peu d’espoir une réponse positive; l’intimité du propos semble être un obstacle.
Insister? Non.
On a le goût de monter un film ou pas. Il y a quelque chose de viscéral dans ce métier.
Il me faut reconnaître qu’être préoccupé par la mort sur une plus ou moins longue période n’a rien d’enthousiasmant.
Je prends donc le taureau par les cornes et persiste à me jouer dans les tripes; sans me faire harakiri, j’espère. J’ai horreur de faire du sur place.
Au hockey, un des principes de base est qu’il est plus facile d’agir quand on bouge, quand on est en mouvement que si l’on est arrêté. Démarrer requiert plus d’énergie, c’est classique.
***
Un cahier de notes.
À peine entamé par Laurent. Un quart de la première page.

23/03/2006
Cours de la troisième semaine


Mot indéchiffrable una dialogue

de prisa                => très rapidement
por casvalidad     => par hasard

Vraisemblablement son dernier cours d’espagnol…







J’utilise ce cahier depuis en tant qu’aide-mémoire.
S’y trouvent les téléphones ou les courriels à faire mais aussi occasionnellement des notes personnelles par rapport à Laurent.

***
À l’endos de la première page.

Visite de Mekki Lahlou, premier étudiant de Sciences en Po, en charge de la logistique du voyage en Chine, à nous rendre visite et souper avec nous.
-Surprise . Laurent a songé à annuler son voyage en Chine; il a téléphoné à l’agence de voyage pour voir s’il pouvait annuler son chèque. Nous n'en savions rien. Pourquoi?
-Mekki n’a pas entendu parler de Necrid, le diffamateur anonyme.
-Laurent a pris un bain tout habillé.

***

Rencontre du 23 juin 2006, à Montréal, avec Marilia Mayaki, une autre étudiante en Chine.
-La plus petite du groupe. Elle se sentait protégée par Laurent; il croyait qu’elle avait 18 ans. Née en France de père nigérien et de mère argentine.
-Conflit interne dans le groupe dès le départ.
-Qu’est-ce que Laurent voulait tant dire à tout le monde les derniers jours?
-Une copine d’Argentine est déjà disparue. Recrutée dans un MUN par une ONG (Secte). Est revenue chez elle, quelques années plus tard.
-Personne ne sait ce que Laurent a fait le dimanche 2 avril; énergique le matin; triste à pleurer, le soir après que quelqu’un l’eut retrouvé au Subway. La dernière photo qu'il a prise ce jour-là? Des vaches?
-L’importance du Prix accordé à Jan-Christoph pour Laurent.
-Demander à Aneesh la résolution finale, adoptée dans le Comité sur le désarmement.

***
27 juin 2006, à Paris.
Rencontre avec Yumiko.
En soirée, les cafés sont pleins et débordent dans la rue. Il y a des attroupements partout de gens qui suivent le Mondial.
Souper aux moules en compagnie de  Yumiko et Soushiant,
Cauchemar: Gabrielle, ma fille,  tombe d’un cheval mordu par un serpent. Hallucinations. Elle va mourir. Détenue. Nicolas Leteneur  téléphone pour m’aviser.

28 juin 2006
Sonnerie de réveil musicale. C’est le portable de Lo que j’utilise depuis mon arrivée. Pratique, les numéros de téléphone sont en mémoire. 8h00. Une image sonore émouvante.
Jardins de la Cité universitaire avec les étudiants.
Il fait froid. Discussion avec Ruben, Laura, Barbara et Ali. Intense émotion avec Fred. Ne pas oublier Mike. Fin de soirée chez Soushiant.


Le 29 juin 2006.
Rodage avec Lionel Cauchois, le caméraman, à la fontaine de Médicis, Jardins du Luxembourg.

1e juillet 2006, Paris.
Je rentre d’Allemagne, exprès pour un dîner avec Jan-Christoph et ses parents. Annulé: malentendu avec Soushiant; Jan-Christoph est à Grenoble. Malaise.???


Le 30 juin 2006.
Réservé billet de train et d’hotel. Sascha à Dusseldorf, en Allemagne. Le plus jeune du Comité sur le désarmement: la Corée et l'Iran.

***
3 juillet 2006
Quatre mois depuis la mort de Laurent. Je loge chez Yumiko, 28, rue du Dragon; elle est partie voir son oncle à Lyon.

***
6 juillet 2006, 01h00.
Est-ce que je dois écrire?
J’ai marché de la place de l’Étoile à l’Hôtel du Dragon, dans Saint-Germain-des-Prés. La France est en final du Mondial; Paris est en liesse. Mais les batteries de la caméra sont à terre. L’adaptateur que j’ai apporté est incompatible. J’espère que je pourrai rejoindre Yumiko demain. Sinon, j’en achèterai un. J’ai l’impression que Laurent survit par procuration. À moins que ce ne soit moi. C’est lui qui aurait dû être de la fête. J’y suis.
Sylvain, un motocycliste m’a amené aux Champs Élysées, après avoir suivi le match dans un bistro avec Hao et Vicky, tous des amis d’Alexandre. Je me suis vu refuser l’entrée d’une disco où nous attendaient les amis. Caméra? Âge?
Il est trois heure du matin et ça klaxonne toujours autant. Je suis seul. Un peu nulle part. Dans une chambre d’hôte. Sans mon Lo, mon fils. À deux pas de chez Yumiko où il a aimé, rêvé et s’est amusé tant et tant de fois. Pourquoi?

-Le porte-document du MUN, retrouvé dans le hall de l’hôtel à Beijing, avec dedans la carte-clé d’Ali et un MP3, appartenant à François Czyba, de Paris. Non-concordance entre les versions des étudiants Chocolat. ???
-Les documents du World MUN disparu de son ordi?
-Le billet sur la porte?
-L’état de sa chambre?
-Le taxi et le plan des vaches?
-L’inconnu du Comité?

Il reste derrière. Il travaille en coulisse. Lobbyiste. Pour une cause.
A-t-il vraiment fini de grandir?
C’est la dernière soirée de Yumiko à Paris. Une fête. Je ne suis pas invitée. Normal. Ils vont se retrouver entre eux. Pas de place pour les parents.

Rencontre avec madame Kim Lefebvre, écrivaine, propriétaire de l’appartement où logeait Laurent. Elle est hospitalisée. C’était un très charmant jeune homme.
Les eaux mortes du Mékong, chez Flammarion.
Moi Marina, la Malinche, Phoebus

***
Le rejet est une limite acceptable. Tare de la pauvreté et d’une mauvaise blague.
On a fait croire à Laurent que le commanditaire parisien du groupe qu’il avait recruté avait annulé le chèque devant servir à payer l’hôtel de la délégation. Il ne l’a pas trouvé drôle.

***

Le 7 juillet 2006.
Retracer Susan, l’australienne.
Toujours pas de nouvelles de Soushiant. Que se passe-t-il? L’aurais-je peiné sans m’en rendre compte? À la fin de  son entrevue filmé, il m’a annoncé qu’il ne viendrait pas chez Mekki et semblait fort déçu que Mekki ne puisse y être. J’ai laissé hier un message à Yumiko; elle n’ont plus ne rappelle pas; mais comme elle part aujourd’hui…dois-je insister? Soushiant serait-il malade? Cela m’inquiète sérieusement. J’en ai glissé un mot à Mekki…
Finalement Soush. était simplement très occupé et n’a tout simplement pas reçu les appels laissés sur son ancien portable.

***
Le 14 juillet 2006, Hemmingford.
De retour depuis le 9. Sérieuse déprime. Travail? Combien de jours? Vacances? J’ai cherché la cravate. Pour la CONAM, je tente de réinstaller Windows : maudit mot de passe. Perte de temps. Fatigue. Il y a beaucoup de choses à faire. Me sens envahi par le désordre.
***
Le 19
Je n’ai pas l’énergie pour organiser une soirée en plein air dans le jardin pour les amis de Laurent. Je renonce; ce n’est plus possible; il faudrait que son âme y soit. Mais laquelle? Celle de ses quinze, dix-huit ou 20 ans? De toute manièere, il n’aimait pas que je sois dans le décor, autour du feu. Je n’avais pas d’affaire là; c’était leur monde, leur univers.

***
Le 20
Tu me manques…La pesanteur ou la légèreté des mots. Réveillé au milieu de la nuit par la liberté de filmer. Je t’aime; ses derniers mots écrits sont pour ses amis; le panda dans sa valise, c’était pour qui? Javier? Le chapeau russe à l’étoile rouge de la place Tienanmen; la cravate disparue , grise à motifs de panda, qu’il porte sur une photo? Je crois que c’est Flora qui m’en a donnée une semblable, jaune, à Paris.
Comment vont Hélène Bourgault et André Paquet? Elle est très malade.
Retrouver les photos de la naissance de Laurent. Le mot d’Alexandre. Appeler Jacques Leduc.

***
6 août
Sur l’Opus 100 de Schubert, interprété par le trio de jeunes aux funérailles : Paris.

***
25 août
Brouillon d’une lettre envoyée à SOS International, à Beijing

Nous avons une bonne idée de ce qui s’est passé pendant que les étudiants présents étaient-là. Nous avons recueillis leurs témoignages àa Paris, en juin dernier.
Malheureusement à partir du moment où le dernier étudiant a quitté les lieux, à la demande expresse de votre médecin de garde, les informations que nous détenons sont confuses, voire contradictoires : le rapport médical signé par le docteur CL van Reenen comporte une fausseté : à 8h00, le 3 avril, notre fils ne pouvait parler avec ses amis puisque le dernier était rentré à l’hôtel, à la demande de la médecin de garde. D’ailleurs pourquoi avoir requis son départ? La présence d’un seul d’entre eux aurait pu le sécuriser à son réveil. Après sa première tentative de sortie, pourquoi ne pas avoir mis en place des mesures de sécurité? Pourquoi ne pas avoir signalé à la police, cette tentative de fuite?
Elle n’apparaît pas au rapport de leur enquête.
Votre personnel émet des versions différentes de la fugue finale. L’un d’entre eux affirme que Laurent a sauté dans un  taxi. Pourquoi avoir caché ce fait à la police. Il a même été affirmé que c’est en s’échappant de ce taxi qu’il a été frappé par l’autobus.
Pouvez vous nous dire à quelle heure il vous a fait faux-bond? À quelle heure vous avez signalé sa disparition, à la police, à l’ambassade canadienne? À quelle heure et comment avez-vous appris son décès?
Quelqu’un s’est-il engagé, au-delà des limites de votre établissement, à sa poursuite?

***
13 octobre
Décès d’Hélène Bourgault.

***
26 janvier 2007
Comment ouvrir le premier film vidéo, réalisé par Laurent , avec des figurines japonaises, les représentant, lui et Yumiko, dans leur réalité et leurs projets d’avenir. Il l’a ironiquement intitulé « Eternal sunshine of a spotless mind ».

2 février 2007
Entre çà et là, que s’est-il passé?
Vingt-deux ans. Même pas un quart de siècle.
Je cherche donc quelques images, çà et là, qui n’auront de résonance que pour moi par rapport à toi?
Sauront-elles, côte à côte, et çà et là, donner un sens au fait que nous sommes tous mortels et que nous passons notre vie à essayer de l’oublier.

3 février 2007
Naissance : Le ventre d’une femme est fait pour être occupée et libérée.
Où sont les clips que Rosalie Tichoux a rapporté de Beijing? Tout le parcours imaginée de la Clinique et jusque là où Laurent est mort. Je ne les retrouve plus. Merde.

***
À partir du 6 avril.
Visionnement du matériel.

Bob.#1                        Chez Yumiko
                        Père Lachaise
                        Entretien avec Flora Bellina
Il y a du récit, des réflexions de la lumière.

Bob.#2                        Barbara- Lumières
Les cravates- Yumiko Cadeau de Soushiant et Jan-Christ.  À mettre dans la tombe.
Ruben

Bob.#3                        Laura
                        Perception de la médecin allemande à la clinique

Bob. #4             Appartement de Lo. Beau plan sur la galerie
                        Entretien du psychiâtre
Sarah

Bob.#5                        Fin de Sarah
                        Ali –> Subway. Culpabilité, Taxi

Bob.#6                        Ali
                        Soushiant

Bob.#7             Soushiant -> Taxi – Mekki
                        Question ->Yumiko et téléphone

Bob.#8                        Chez Mekki avec Rosalie

Bob.#9                        Chez Mekki avec Rosalie

Bob.#10            En route vers Dusseldorf, Sasha, Paris, Mundial et Saint-Germain

Bob.#X            Rue du Dragon, Chez Soushiant- Paris-Kohn

Bob.#11            Marie-Laure Peytavin- Orage à l’Hotel- Sciences Po-Elle parle de drogues…

Bob#12a            Sciences Po à l’intérieur- Leila Bennis
                        Subway-> Mekki et Ali
                        On me prend en photo

(Necrid = Sébastien Borgeaud)

Bob#12B            Mekki Chine-USA
                        Balade en taxi
                        J’ai quelque chose à vous dire
                        Venezuela
Idée de ne pas voir Laurent du film, sauf à la fin.

Bob.#13            Jan-Christoph

Bob.#14            Flora Boillot
                                    Daniel-Jean Primeau : Travail sur le monument

Bob.#15            Appartement de Laurent à Montréal : Déménagement

Bob.#16            À la fin seulement :Fin Arrivée du cercueil à Dorval

Bob.#17            Entrevue de Daniel-Jean

Fin du visionnement en août 2007


31 août 2007
Scanner les photos de Laura pour mélanger avec le clip de Laurent, filmé au même moment.
***
29 février 2008
Y a-t-il un mot, dans quelque langue du monde que ce soit, pour nommer un parent qui a perdu un enfant ?
C’est quand les enfants n’ont plus besoin de nous, que l’on se met à avoir besoin d’eux; encore plus quand la mort nous en enlève un .
C’est décidé. Je serai à Beijing. Deux ans jour pour jour après son décès.

31 décembre 2010

Saint-Sylvestre, priez pour nous.

Une autre année s'apprête à en chasser une autre.
Chacun y va de ses commentaires sur ce qui aura été le plus important, le plus marquant ou le plus impressionnant en 2010. Évènements, personnalités, les objets, livres, films: tout y passe.
Pour moi, l'absence de Laurent reste l'émotion dominante; elle ne s'accompagne que de l'absurde
impossibilité de la partager avec lui ? 
Il est là chaque fois que je me dis que la vie mérite d'être vécue, nulle part.
Sauf entre mes deux oreilles.
Les croyants ont une chance. Faire porter leur imaginaire au-delà.
Mais, rendu là, ils n'en n'auront pas deux.
Bienvenue 2011.

05 décembre 2010

POUR TON ANNIVERSAIRE DE NAISSANCE

Le 27 novembre 2010.
Pour un samedi, je me lève de bonne heure.
Dans 9 jours, il y aura 27 ans que Michèle t’aura donné naissance.
Il neige. Hier, il a verglacé.
Je fuis. Au diable l’écriture, le montage, le boulot. Lecture, ordinateur, TV-HD : l’une ou l’autre de ces activités m’empêche de faire face au difficile.
À l’aide. Ce film, c’est trop pour un homme seul.

Je viens de moins en moins me recueillir ici.
Les appréhensions teintent fatalement l’approche des journées marquantes de ta brève existence.

Humeur du jour : La corruption digère même l’énergie du désespoir. Comme dans les républiques de bananes. « Ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient atteints !» C’est la peste...

Pendant ce temps, Javier, ton unique neveu, chante : « C’est la fête…C’est la fête... » de Fugain avec Gabrielle, au sortir de Big Bazar, à la salle Maisonneuve.

Lundi, Gabrielle va partir avec une amie en excursion dans le sud-est des Etats-Unis.

Dimanche. 
Wikileaks met à nue la diplomatie mondiale.
Il n’y a plus rien de sacré.
Si au moins la paix pouvait en bénéficier.
Épargnons des vies plutôt que des dollars.

Lundi. 
Élection partielle dans le comté de Kamouraska-Témiscouata : 64.15% des votes mettent fin à vingt-cinq ans de pouvoir libéral. Un peu d’air frais. Profitons-en.
La semaine prochaine, Jean Charest va se pointer à Tout le monde en parle et faire rire la galerie. Le lendemain, sa cote de popularité reprendra une tendance à la hausse.

Lues et retenues, ces recommandations de l’Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux, au gouvernement:
-Abolir les élections des membres élus par la population au conseil d’administration des établissements.
-Restreindre le nombre de personnes au conseil d’administration.
-Interdire l’accès du public aux séances du conseil d’administration.

La démocratie est en santé au Québec pendant que la santé passe aux mains d’apparatchiks.

Mardi.
Toute une surprise au travail.
Il y a quatre Isabelle sur l’étage.
L’une est nutritionniste, ma voisine de bureau.
Je lui connaissais une passion : le voyage.
Elle rentrait du Rwanda et d’Ouganda à la mi-octobre.
Jeudi, elle s’envole avec son mari, cette fois, pour le Vietnam.
Au retour, ils seront trois. La petite a six mois.
Congé d’adoption. Retour, septembre 2011.
Personne au courant. Un choc.
L’émotion nous gagne parfois par des voies surprenantes.
L'Asie est venue me chercher de façon impromptue.

Mercredi.
Couché sur le ventre, un reflux gastrique le tire du sommeil.
Il roule sur le côté. Le vin. Son coeur. Une crampe.
Il a du mal à se rendormir. Quelle heure est-il ?
Ça cogne à la porte. Il étouffe un cri intérieur. Non.
Sa fille sillonne le sud-est des États-Unis, avec une amie.
Il imagine le pire.
A-t-il bien entendu ? Vont-ils frapper encore ?
Les secondes ont une éternité.
Réveiller sa compagne? Pas question. Ce genre de courage lui appartient.
Il tend l’oreille? Sueurs froides.
Ce doit être un rêve.
Ils dorment au deuxième étage, la porte de chambre fermée.
Jeter un coup d’oeil vers la fenêtre, ouvrir les paupières.
Encore un effort.
Si c’est la police, leurs feux rouges et bleus vont faire clignoter
le paysage dans la nuit.
Ils étaient allumés quant elle est passé pour son père, la 1ère fois.
Le coup suivant, quand il a entendu leurs pas sur la galerie,
il a su tout de suite que le pire était advenu.
Aurait-il la force cette fois, si…
Gaaab…s’il-te-plaît !!! Non. Je ne passerais pas au travers, cette fois.
Il entend marcher…lui semble-t-il.
Non. Il rêve un mauvais rêve.

Et moi qui ne m’en faisais plus pour les enfants, quand ils ont quitté la maison.

Jeudi.
Autre rouge, autre bleu.
Comme dans le chœur de l’église à tes funérailles.
Encore le rouge et le bleu.
Pas les drapeaux du Canada et du Québec. Non.
Ceux de l’université McGill et de l’Organisation des Nations-Unies.
Et je lis, comme par hasard, dans la Chute des Géants, le dernier roman historique de Ken Follet, sur la 1ère guerre mondiale. 
Il y est question, vers la fin, de la mise en place de la Société des Nations, ancêtre justement de l’ONU, pour éviter un autre conflit mondial : 
«Nous avons fait de notre mieux, dit-il. Mais nous avons échoué.
-Tu en es sûr ?
-Quand le président faisait campagne à plein temps, le succès ne tenait déjà qu’à un fil. Wilson malade, les chances de ratification par le Sénat sont nulles.»
Rosa lui prit la main. «Je suis navrée, dit-elle. Pour toi, pour moi, pour le monde entier.» Elle s’interrompit avant de demander : «-Que vas-tu faire ?
-Je vais essayer d’entrer dans un cabinet juridique de Washington spécialisé dans le droit international. J’ai quelque compétence dans ce domaine, après tout.»…

Et je pense invariablement, à ce qu’il serait advenu de toi si tu étais revenu de Beijing, vivant. 

Vendredi.
Pas besoin de forage du schiste dans les parages.
La maison est bâtie sur du roc fissuré, à quelques mètres de la surface du sol.
Le puits est contaminé par des coliformes fécaux d'animaux et des entérocoques; une odeur de purin s’en dégage.
Les vaches les plus proches sont à plus d’un kilomètre.
Rien de pareil depuis les trente-quatre années que nous demeurons ici.
Mais il pleut tellement. Les eaux de ruissellement ont trouvé le moyen de joindre la nappe phréatique.
Deux voisins sont dans la même situation avec des puits creusés plus récemment.

Se débattre contre la déprime collective et saisonnière, laisse bien peu d'énergie aux solutions.

Samedi.
Le temps des fêtes est lancé ; c’est la traditionnelle soirée de préparation des foies gras chez Nicolas et Anne-Julie.
Le 1er de l’An, on le servira au déjeuné, comme d’habitude.
Mais il faudra se passer de tes charmants commentaires sur sa saveur, sa couleur et son vin d’accompagnement.

Le dimanche 5 décembre 2010.
Bonne fête mon grand.
On a eu ce courriel de Yumiko tantôt :
Chers Michèle et Francois,
Un petit mot pour vous dire que je pense très fort à Laurent et à vous aujourd'hui. Je sais que c'est un jour particulièrement difficile dans votre famille... J'espère que vous arriverez quand même à prendre un verre en son honneur!
De mon coté, je suis toujours à Washington. Je continue à préparer mes dossiers pour retourner aux études, et j'ai pris un job temporaire pour pouvoir faire un peu d'argent avant de retourner au Pérou en février.
Grosses bises,
Yumiko

MERCI  YUMIKO